Slam ?
Partant du principe que le slam de poésie est une discipline libre, que les joutes oratoires peuvent prendre différentes formes, de la scène ouverte sans notes au tournoi, la Ligue Slam de France propose une définition du slam par son histoire, en accord avec son fondateur américain, Marc Kelly Smith, poète et entrepreneur en bâtiment, depuis son invention en 1986 aux Etats-Unis jusqu’à aujourd'hui, en passant par la création de la Ligue Slam de France en septembre 2009, le Slam c'est plus de 30 ans d’histoire de poésie vivante dans le monde entier
L'histoire du sens
Une poésie vivante, un espace de diffusion accessible à tous et un public impliqué donnant directement son avis
« Slam » terme anglais qui signifie sous forme de verbe « claquer » « gagner une victoire facilement » « critiquer »
« Slam » le nom signifie « bruit violent » « tournois de poésie » « schelem » c’est un mot du 17ème siècle probablement d’origine scandinave
Le « Slam de poésie » du Green Mill (Uptown Poetry Slam) inventé en 1986 par Marc Smith à Chicago et qui donne naissance au mouvement mondial est un cabaret des arts poétiques mélangeant toutes les disciplines, le terme slam ayant été utilisé par Marc Smith pour ses différentes significations qui se déclinera ensuite comme …
Un « slam de poésie » (poetry slam) : évènement qui donne à chacun la possibilité de monter sur scène pour présenter des performances de poésie. C’est une soirée se terminant généralement par un tournoi mais qui prend des formes différentes suivant les terrains et les pays, le principe de base étant l’interactivité entre public et poètes
La « poésie slam » (slam poetry) : terme appliqué à toutes les formes de poésie déclamées et composées pour être interprétées devant un public. La poésie slam est aujourd’hui synonyme de poésie et de performance. Elle est à l’origine de nouvelles carrières dans les arts littéraires et vivants
Le terme « poésie slam » vient au départ de la scène Slam « Slam de poésie » (ou « Slam Session »), la poésie déclamée sur ces scènes prend alors le nom de « poésie slam », le poète performeur pratiquant ces scènes est appelé « slameur » (« slammer » en anglais). Il est aussi courant d’entendre le terme « un slam » pour définir un poème destiné à la déclamation
Les règles des scènes slam « Slam de poésie » (ou « Slam Session ») varient de scène slam en scène slam et elles doivent varier, chaque lieu doit adopter ses règles propre afin de répondre aux besoins spécifiques du public local, c’est un art, pas de la robotique ou un dogme. Un organisateur doit donc inventer son format, établir ses propres rituels tout en respectant quelques principes de base, principes pouvant être modifiés à la liberté de chacun. Les principes de base ne régissent pas l’organisation des scènes ou des tournois mais assurent un espace égalitaire pour tous
Ces principes sont : déclamer son propre poème, déclamer en 3 minutes ou moins, pas d’accessoires ou de déguisements, notation par le public de 0 a 10 avec un chiffre après la virgule pour éviter les ex aequo
En 1990 le Chicago Slam comité a décidé lors de l’organisation du premier Slam National américain de poser la règle qui interdit les accessoires et la musique
Les « slams de poésie » sont des évènements de poésie captivants qui concentrent l’attention du public sur la présentation de poèmes ayant été composés, affinés, travaillés et répétés dans le but d’en faire une performance et de les déclamer devant un public – très souvent dans le cadre d’un tournoi
Marc Kelly Smith / Stage a Poetry Slam / Traduction et adaptation Zurg et Yopo pour la Ligue Slam de France
Le sens de l'histoire - Origine
C’est au Green Mill lounge en Juillet 1986, que le slam est inventé :
un club de jazz d’un quartier défavorisé de Chicago, ancienne retraite d’Al Capone. Le propriétaire Dave Jemilio permet alors à Marc Smith, meneur de la troupe de poètes le Chicago Poetry Ensemble, de mettre en place une scène hebdomadaire dominicale qui prendra le nom ironique de Uptown Poetry Slam, le tournoi de poésie des beaux quartiers. L’idée de Smith est d’organiser un concours ouvert à tous en fin de soirée. Malgré la réticence de son acolyte David Cooper qui ne voit pas les gens se battre pour de la poésie, la formule prend : l’engouement est général et une audience toujours plus nombreuse se précipite, curieuse de voir qui va remporter le slam (chelem) de la semaine. Car il s’agit d’une véritable compétition qui capte l’attention, et la formule des juges amateurs imaginée par Smith, choisis au hasard dans le public, et qui notent les poètes pose une véritable interactivité entre poètes, membres du jury et public
L’expérience poétique, collective et participative, se révèle en peu de temps une totale réussite : les styles littéraires les plus différents se côtoient, une liberté d’opinion absolue est garantie et les spectateurs, devenant membres du jury, ont un impact croissant sur la qualité des textes et des performances. Partant cependant toujours du principe que « c’est toujours le meilleur poète qui perd à la fin », ce sont la théâtralité de la compétition et sa mise en scène qui importent. Mis dans la confidence, l’auditeur sait ainsi d’entrée de jeu que sa subjectivité fait à part entière partie du jeu : il n’est jamais floué
Enfin, le slam redéfinit littéralement le poète : plus qu’un contemplateur, il (re)devient un agitateur qui diffuse à travers ses interventions un regard sur la société (renouant ainsi avec l’étymologie du mot « poésie » issu du grec ancien « poïêsis » : « action de faire », « création »)
Quant aux règles initiales du tournoi du slam inventées par Marc Smith, elles sont simples et reflètent des valeurs d’ouverture, d’égalité, de respect, de partage, d’interactivité, et de liberté d’expression et d’opinion : un micro ouvert à tous sans aucune forme de discrimination, 3 minutes de temps de parole, 1 poème par passage sans musique ni costume ni accessoire, un jury populaire de 5 personnes pris au hasard dans le public pour noter les performances, et une finale offrant un deuxième passage aux poètes totalisant les plus forts scores
« l’idée du slam n’est pas de créer des stars, ni même de glorifier le poète, mais de servir la communauté » (Wendell Berry)
Chicago, et après ?
Fin des années 80, le poète performeur anticonformiste Bob Holman entend parler du phénomène alors bien ancré à Chicago, et importe le concept à New York City
Là, le slam s’impose rapidement dans le Nuyorican Poets Cafe et plus tard dans
le Bowery Poetry Club. New York devient la seconde capitale du slam. Holman définit sa nouvelle découverte dans toute sa complexité, tel : « un spectacle, un cadre pour les poèmes, un genre qui mord sur une culture établie, une satire du jeu capable de créer la même frénésie qu’un grand événement sportif »
C‘est sur cette dernière idée que le 1er « National Poetry Slam » des Etats-Unis a lieu à San Francisco en 1990, présenté par Gary Mex Glazner. Il s’agit alors d’une compétition mettant en jeu trois équipes et personnes, de San Francisco, de Chicago et de New York et dont Chicago sortira vainqueur. Depuis, l’événement a lieu tous les étés dans une ville différente des USA : jusqu’à 80 équipes de 3 à 5 poètes s’y rencontrent pendant 5 jours de festival. En 2006, on sépare cependant le slam individuel du slam national par équipe : l’« Individual World Poetry Slam » accueille alors des poètes du monde entier ; il a lieu tous les ans en février pendant trois jours
Des États-Unis à l’Allemagne
1993, plusieurs poètes américains cherchent, dans leur nouvelle patrie adoptive de Berlin, un lieu où ils pourraient organiser des slams hebdomadaires.
Le Club Underground Ex & Pop, alors point de rencontre de nombreux musiciens et cinéastes, offre la scène parfaite. C’est là qu’ils créent en collaboration avec le poète Wolf Hogekamp le 1er slam de poésie allemand. Et, peu à peu la formule commence à s’imposer, permettant la mise en place du 1er Slam National d’Allemagne en 1997. C’est un jeune poète rappeur Bastian Böttcher qui en sort vainqueur
En France
En France, l’apparition du slam est un peu plus tardive même si on évoque dès 1995 la réunion d’un noyau dur (Nada, Joël Baratzer, MC Clean, Pilote le Hot) mêlant poètes, performeurs et rappeurs dans un bar de Pigalle, le Club Club, les soirées s'appelle "Poésie 2000" le Mardi et on lieu entre 1995 et 1998. Les règles et même le terme « slam » n’étant pas encore connus des pratiquants, le cadre se cherche encore dans des expérimentations sur fonds musicaux la plupart du temps, ou sous la forme de simples scènes ouvertes poétiques
En 1998, l’exposition médiatique du film « Slam » de Marc Levin coïncide avec la découverte du mouvement dans l’hexagone et plus particulièrement dans la capitale où se créé un premier cercle d’initiés. Suite à la fermeture du Club Club, ce n’est plus un lieu qui unit les « activistes » mais bien une nouvelle forme artistique qui constitue un nouveau terrain de jeu pour partager leurs textes en public. Les plus actifs du noyau du début mettent sur pied des « scènes slam » dans l’est parisien. Le mouvement slam se développe donc en France sous la forme originelle des tournois mais également sous la forme de scène ouvertes (sans tournois) dès le début. A l’entrée dans le XXIe siècle, le mouvement slam se limite encore surtout à Paris et à sa banlieue : prenant appui sur un tissu associatif local, le modèle parisien commence tout juste à se délocaliser ; il s’étendra toutefois très rapidement à la province dans des villes culturellement dynamiques (Reims, Nantes, Lille, Rennes, Tours, Toulouse, Marseille, Poitiers, Bordeaux, Lyon… etc etc)
Dès 2004 d’importantes rencontres slam, à un niveau interrégional, sont organisées un peu partout en France : Grand Slam National (Nantes et Bobigny), Slam United (Paris), Bouchazoreill’Slam (Paris), Nuit du Slam (Reims, Creil, Lyon, Toulouse, Dijon), Slam Fever (Rennes), Slam l’homme Géant (Lyon), Slam So What (Paris), Slam N’ Co (Nantes), Super Slam (Tours), Grand Slam de Panam (Paris), Festival Paroles (Colmar, Sélestat, Ostwald et Mulhouse), Le Mans cité Chanson (Le Mans) etc.
En parallèle et depuis parfois plusieurs années évoluent des collectifs d'artistes, des groupes musicaux ou des compagnies pro comme le Spoke Orkestra, la tribut du verbe, le 129h, la compagnie Uppercut et bien d'autres encore car la dimension artistique du slam de poésie est très vite intégré à la démarche et l'activité des slameurs français de l'époque qui multiplient les projets et les performances, concerts, slam sauvages, shows et autres spectacles se créent dès le début 2000...le show du collectif Bouchazoreill ira même sur la scène du Printemps de Bourges
En 2006, le premier album de Grand Corps Malade, slameur plusieurs fois vainqueur des tournois Bouchazoreill’slam, au Trabendo porte un coup de projecteur supplémentaire au mouvement français par l'axe artistique et médiatique, le mouvement se développe alors en provinces et dans la plupart des villes françaises
En 2009, à l’initiative de Mr Zurg et Yopo, slameurs et slameuses issus de la scène parisienne des débuts, et sous l’impulsion de différentes associations qui souhaitent resserrer les liens entre tous les acteurs du slam français, se constitue « La Ligue Slam de France ». Grand Corps Malade en est le membre d'honneur et Marc Smith apporte son soutien dès sa création. Le mouvement français se met en réseau dans un esprit coopératif et c’est à partir de 2011 que le réseau se met en mouvement avec l'annuelle Coupe de la Ligue Slam de France, festival 100 % slam créé et alors dirigé par Mr Zurg et Yopo, co-fondateurs de la Ligue Slam et directeurs artistiques de la Coupe. Le festival étant itinérant (sur le modèle du Grand Slam Américain) il est piloté sur Rennes pendant 3 ans (2014 à 2016) par l'association Slam Connexion après avoir été piloté pendant les 3 années précédente (2011 à 2013) à Joué Les Tours (37) par La meute Slam 37. En 2017 la Coupe déménage sur Strasbourg organisée localement par l'association +oui -non .
La Coupe de la ligue slam de France se restructure dans une forme encore plus coopérative en 2019 (site ici)
La Coupe de la Ligue SLam de France en 2019 c'est 17 évènements dans toute la France
Pendant les Coupes de la Ligue Slam de France, dans une véritable logique de rencontre, d'échange et de partage, se croiseront des 100ènes de slameurs de toute la France et de la Francophonie à égalité avec les plus grands noms du slam mondial, chacun partageant les mêmes espaces et les mêmes repas afin de favoriser les rencontres
Dans cet esprit de nombreux artistes issus de la scène slam viendront comme Marc Smith (3 fois), Grand Corps Malade (2 fois), Saul Williams, Narcisse, Omar Musa, Nada, La secte Phonetik, Yas & The Lightmotiv, Ubic, Amadeus, Camille Case, Rolling man, La Bête aveugle, Naturel, Ivy (Fondateur de la ligue Québécoise de Slam), Bini et Gad (fondateurs de la fédération Slam Malgache) etc.etc
Dans l'esprit coopératif de la Ligue Slam ce festival se veut une vitrine de toutes les pratiques du slam en France incluant un championnat national impliquant 12 équipes, un championnat individuel, des concerts, des spectacles, des scènes amateurs, un championnat national junior avec une coupe 12/15ans et une coupe 15/18ans et bien d'autres scènes thématiques et interdisciplinaires qui associent la performance poétique à d'autres arts (danse, jonglage, musique...). Marc Smith déclarera dès 2011 que la Coupe de la Ligue Slam de France est l'évènement slam dans le monde le plus proche de l'esprit de sa scène du Green Mill et de sa vision d'origine du slam de poésie
A partir de 2012, la Ligue Slam de France crée également le premier échange culturel entre slameurs français et américains dans le cadre de la "French Slam Connection". A l’initiative de Marc Smith, Zurg et Yopo qui amènent une équipe de slameurs français tous les ans en résidence à Chicago pour travailler sur une création slam bilingue qui se joue ensuite dans différents lieux de Chicago (Green Mill, Raven Théâtre, Lycée Français, Café Culture, Alliance Française, Fondation de la poésie Clubs etc...) Le 129h, Uppercut Prod, la Tribut du Verbe, La meute Slam, Au détour de Babel sont les collectifs qui répondent à l'appel à projet annuel de la Ligue Slam de France et qui participent aux French Slam Connection. Le projet est soutenu depuis 2018 par la service culturel du l'ambassade de France a Chicago et New York.
Site ici
En 2014 la Ligue Slam de France ouvre un référencement francophone et élargie alors ses actions au delà des frontières françaises. D'autres ligues de slam vont voir le jour sur le même modèle comme en Afrique avec la LISAF (Ligue de Slam Africain), au Maroc, au Sénégal avec la LSS (Ligue Slam du Sénégal) et en Italie. Le réseau national et francophone de la Ligue Slam continu de s’étendre depuis sa création en 2009 en regroupant en moyenne tous les ans une trentaine d'associations en France et une vingtaine dans des pays francophones
A partir de 2015, Grand Corps Malade, Mr Zurg et Yopo créent et coordonnent le projet "Slam à l'école" pour la Ligue Slam de France à destination de l’Éducation Nationale afin de faire entrer la pratique du Slam dans les collèges français tout en y associant les artistes et intervenants professionnels d'ateliers slam. Ce projet est développé par les associations APPUI et la Ligue Slam de France en partenariat avec la Fondation Culture et Diversité et le ministère de l’Éducation Nationale.
Grand Corps Malade, Mr Zurg et Yopo lancent en 2018 les "Trophées Slam à l'école" au théatre Marigny à Paris, évènement en coproduction Fondation Culture et Diversité & Ligue Slam de France . Site ici
Le slam français est très dynamique et en constante évolution, de très nombreux acteurs le font vivre aux quatre coins de l’hexagone, les rencontres, tournois ou non, se multiplient et le mouvement est en continuelle expansion. En 2016 le réseau national de la ligue slam de France à proposé au public plus de 300 scènes régulières, plus de 30 évènements et plus d'un millier d'ateliers dans toute la France
Le monde entier
Aujourd’hui, il y a plusieurs centaines de slam organisés chaque mois partout dans le monde. En Amérique, en Europe, mais aussi en Afrique du nord et du Sud, en Asie, en Australie, au Japon et comme Marc Smith aime volontiers compléter : « même au Pôle Sud ! »